COMMUNIQUE DE PRESSE
Journée mondiale de l’albatros 2025 : un appel mondial pour protéger les sentinelles de nos océans
Fortement menacés par la grippe aviaire et la pêche industrielle, les albatros ont besoin de protection partout dans le monde
Le 19 Juin, les agents de la conservation et autres défenseurs de la faune sauvage du monde entier célébreront la Journée mondiale de l’albatros, une occasion de mettre en lumière la crise que traversent ces oiseaux emblématiques. L’édition de cette année vise à attirer l’attention sur l’impact alarmant des maladies, en particulier celui de la grippe aviaire hautement pathogène, sur des populations déjà vulnérables. La pandémie actuelle a provoqué la mort de milliers d’oiseaux sauvages à travers le monde, rapprochant plusieurs espèces de l’extinction. Parmi elles, de nombreuses espèces d’albatros et de pétrels ont été touchées.
Célèbre pour leurs incroyables capacités de vol, les albatros et pétrels jouent un rôle essentiel dans les écosystèmes marins. Super-prédateurs, ils se nourrissent de poissons, calmars et autres organismes marins. Par la consommation de ces proies, puis l’excrétion des déjections qui s’ensuit, ils participent activement au cycle des nutriments des écosystèmes marins. Indicateurs de la santé des océans, le déclin des populations d’albatros ou pétrels reflète souvent des changements dans les stocks halieutiques ou des perturbations environnementales plus larges: pollution, changement climatique… Les albatros sont les sentinelles de nos océans : s’ils souffrent, c’est que l’ensemble du milieu marin est en détresse.
Les albatros comptent parmi les oiseaux les plus menacés au monde, avec 15 des 22 espèces actuellement classées comme Vulnérables, En danger ou En danger critique sur la Liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN). « Les albatros sont confrontés à plusieurs menaces majeures comme les prises accidentelles par la pêche industrielle, les prédateurs introduits sur les sites de reproduction, la pollution chimique et plastique, ainsi que les changements climatiques », explique Dre Laura Roberts, vétérinaire au Département de l’Agriculture de la province du Cap-Occidental, Afrique du Sud.
Avec la pandémie actuelle de grippe aviaire, ces oiseaux majestueux font face à une convergence de menaces sans précédent qui pousse de nombreuses espèces encore plus près de l’extinction. « Nous assistons à une véritable tempête de menaces », alerte Dre Marcela Uhart, spécialiste de la santé de la faune à l’Université de Californie à Davis, USA. « Le besoin d’actions de conservation coordonnées, fondées sur la science, n’a jamais été aussi urgent. »
Des épizooties de grippe aviaire ont été confirmées chez plusieurs espèces d’oiseaux marins, y compris des albatros. On estime que des milliers d’adultes, et plus de 10 000 poussins d’albatros à sourcils noirs (Thalassarche melanophris) sont morts de la maladie en 2023/2024 aux Îles Falkland (Falkland Islands/Islas Malvinas)*. Le virus s’est propagé jusqu’aux régions subantarctiques, affectant des colonies d’albatros hurleurs (Diomedea exulans) sur les îles Géorgie du Sud)*, Marion, Crozet et Kerguelen, dans l’Océan Austral. A l'échelle du Globe, des cas isolés de grippe aviaire ont été recensés chez des Procellariiformes (l’ordre qui inclut albatros et pétrels) en Europe, en Afrique et dans les Amériques.
Bien avant l’émergence de la grippe aviaire hautement pathogène, les maladies infectieuses ont toujours touché les oiseaux marins à travers le monde. Par exemple, « les albatros à nez jaune de l’Île Amsterdam font face à des épizooties récurrentes de choléra aviaire, une maladie bactérienne, depuis le milieu des années 1980 », explique Dre Amandine Gamble, écologue des maladies infectieuses à l’Université Cornell, New York, USA. « La grippe aviaire représente une menace supplémentaire pour ces populations déjà affaiblies », ajoute-t-elle. Parmi les autres maladies infectieuses connues pour toucher les albatros et les pétrels, on compte aussi les poxvirus.
Les albatros et les pétrels, qui nichent généralement en grandes colonies denses, sont particulièrement vulnérables aux maladies contagieuses. « Une fois qu’un virus comme celui de la grippe a atteint une colonie, notre capacité à limiter la mortalité est extrêmement faible », explique Patricia Serafini, analyste environnementale au Centre national de recherche et de conservation des oiseaux sauvages (CEMAVE) au Brésil et co-coordinatrice du groupe de travail sur le statut des populations et la conservation de l’ACAP. « Nous devons tout mettre en œuvre pour limiter la propagation du virus, tout en luttant simultanément contre les autres menaces pour lesquelles des outils existent déjà. »
« Les consommateurs peuvent jouer un rôle important dans la conservation des albatros », déclare Serafini. En choisissant des produits de la mer non liés aux prises accidentelles d’albatros, chacun peut contribuer à réduire l’une des principales menaces pesant sur ces oiseaux. Soutenir les marques et les pêcheries qui privilégient des pratiques respectueuses des oiseaux marins est crucial pour leur protection. Les consommateurs peuvent également aider à prévenir la propagation du virus de la grippe aviaire et d’autres pathogènes en respectant les recommandations dans les zones touchées et en signalant les oiseaux morts aux autorités ou aux services sanitaires locaux.
La Journée mondiale de l’albatros nous rappelle l’interconnexion des menaces qui pèsent sur la faune marine. « Protéger les albatros et pétrels, ce n’est pas seulement sauver de magnifiques oiseaux ; c’est préserver l’équilibre de la vie dans les océans qu’ils habitent », conclut Patricia Serafini.
Rejoignez-nous le 19 juin pour célébrer la Journée mondiale de l’albatros et défendre la protection de ces remarquables sentinelles des mers. Pour en savoir plus sur les actions à mener et soutenir les efforts de conservation, rendez-vous sur : https://www.acap.aq/.
Publié par le Groupe intersession de l’ACAP sur la grippe aviaire et les maladies, au nom du Secrétariat de l’ACAP, 16 juin 2025.
* Il existe un différend entre les gouvernements de l'Argentine et du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord concernant la souveraineté des Îles Falkland (Falkland Islands/Islas Malvinas), de la Géorgie du Sud et îles Sandwich du Sud (South Georgia and the South Sandwich Islands/Islas Georgias del Sur e Islas Sándwich del Sur) et les zones marines environnantes.
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À propos de l’ACAP
L’Accord sur la conservation des albatros et des pétrels (ACAP) est une initiative intergouvernementale visant à conserver les albatros et les pétrels par la coordination des efforts internationaux pour faire face aux menaces pesant sur leurs populations. L’ACAP a été ouvert à la signature le 19 juin 2001 et est entré en vigueur en février 2004. L’accord couvre actuellement les 22 espèces d’albatros et 9 espèces de pétrels. L’ACAP compte 13 Parties et son secrétariat est basé à Hobart, en Tasmanie (Australie).
Coordonnées
Christine Bogle, Secrétaire Exécutive de l'ACAP;
Patricia Serafini, co-coordinatrice du Groupe de travail sur le statut des populations et la conservation de l’ACAP, et coordinatrice du Groupe intersession de l’ACAP sur la grippe aviaire et les maladies ;